Nature et origine des Enfants de la Forêt

« – De quoi se souviennent les arbres ?
– Des secrets des anciens dieux. »
ADWD – Bran III

Préambule

Nous recommandons d’avoir lu le cinquième volume de l’intégrale du Trône de Fer.
Nous nommerons Terre le monde que certains appellent Planetos.
Toutes les citations sans référence sont constituées d’extraits combinés de l’Encyclopédie et des wikis de http://www.lagardedenuit.com et http://www.westeros.org.
Un plan détaillé se trouve à la fin.

Abbréviations :
ASOIAF = A Song of Ice and Fire, titre original de la saga Le Trône de Fer
GRRM = George RR Martin
EdlF = Enfants de la Forêt

Je remercie tous ceux qui m’ont aidé pour leur infinie patience !

La seule ambition de ce texte est de proposer une lecture agréable.

Introduction

« – C’est de la magie, disait-il.

– Non pas, répliquait-elle. Les souris n’ont jamais quitté votre manche. Je les y voyais bouger. »

AFFC – Cat des Canaux

Le monde d’ASOIAF est rempli de dizaines de peuples et espèces différents. Les Enfants de la Forêt se démarquent par leur ancestralité, leur apparence et leurs pouvoirs. Que sont-ils, exactement ? D’où viennent-ils ? Quand et comment sont-ils apparus ?

Cette énigme est construite par George RR Martin comme un jeu de pistes et de déductions. Pour la résoudre, nous mènerons l’enquête aux quatre coins du monde connu, du Neck à Leng en passant par Ib et Naath… et d’autres lieux plus mystérieux encore.

Afin de découvrir l’origine des EdlF, nous devons comprendre leur nature. Morphologie, physiologie, reproduction, génétique, évolution, culture, mode de vie, société, milieu… Nous étudierons en détail toutes leurs caractéristiques en tant qu’espèce.

Rappelons tout d’abord ce qui définit une espèce :

« La définition la plus communément admise est celle du concept biologique : une espèce est un ensemble de populations dont les individus peuvent se reproduire entre eux et engendrer une descendance viable et féconde. »

Pourquoi cette définition serait-elle valable dans le cadre du monde fictif et fantastique d’ASOIAF ? Après tout, ce que l’auteur nous montre, ce sont des êtres surnaturels. C’est de la magie, nous dit GRRM.

Mais nous, lecteurs attentifs, pouvons voir bouger les souris dans sa manche. De grosses souris, hirsutes et taciturnes…

La magie a sa place dans ASOIAF, mais elle n’est pas toujours là où on l’attend.

1 – Le cas Ibbénien

La première étape de notre long périple se situe en Mer Grelotte. Les Ibbéniens sont un peuple insulaire ancien du nord d’Essos. L’Encyclopédie donne une description extrêmement précise de leur type morphologique.

« Les Ibbéniens se démarquent du reste de l’humanité. C’est un peuple massif, large de torse et d’épaules, mais dépassant rarement cinq pieds et demi de haut, avec des jambes courtes, épaisses, et de longs bras. Bien que petits et trapus, ils sont terriblement forts ; à la lutte aucun homme ne peut espérer les égaler.

Leur visage, caractérisé par un front incliné aux arcades sourcilières marquées, de petits yeux enfoncés, de fortes dents carrées et des mâchoires massives, semble brutal et laid. Impression accentuée par leur langage guttural, grogné. Ils sont le peuple le plus hirsute du monde connu. Bien que de peau pâle marquée de veines bleu foncé, ils ont le cheveu noir et raide. Les hommes ont la barbe épaisse, un crin dru couvre leur bras, jambes, poitrine et dos. Chez les femmes, de rêches poils noirs sont à la norme, même sur la lèvre supérieure. »

Mais surtout, le texte contient une information primordiale sur ce peuple, d’ordre biologique.

« Si les hommes d’Ib peuvent mettre enceintes des femmes de Westeros et d’autres pays, le produit de ces unions est souvent difforme et inévitablement stérile, comme les mules. Les Ibbéniennes qui s’accouplent à des hommes d’autres peuples ne donnent naissance qu’à des enfants mort-nés et à des monstres. »

En fait cet extrait décrit l’hybridation par croisement interspécifique, terme barbare s’il en est. Phénomène à ne pas confondre avec le croisement intraspécifique, comme entre deux chiens de races différentes.

Il s’agit bien ici de reproduction entre deux espèces distinctes, comme un cheval et un âne, un lion et un tigre, un dromadaire et un lama… Ces croisements ont pour particularité de produire des individus généralement peu fertiles, voire stériles.

D’ailleurs notez le détail : le texte précise qu’il y a une différence structurelle entre le produit d’une union entre un mâle Ibbénien et une femelle humaine (viable mais stérile) et celui d’une union entre une femelle Ibbénienne et un mâle humain (non viable).

Et la comparaison avec les mules, dans le texte, n’est pas innocente. Les mulets sont des hybrides stériles engendrés par un âne et une jument. À l’inverse, l’accouplement d’un étalon et d’une ânesse engendre un hybride différent, le bardot, stérile également.

Cet extrait révèle que la définition des espèces est valable dans le monde d’ASOIAF, et qu’humains et Ibbéniens sont aussi différents génétiquement que le sont les chevaux et les ânes. Ce qui ne surprendra personne, étant donné que GRRM porte une grande attention aux considérations génétiques en général. It is known.

En conclusion, bien que les Ibbéniens ressemblent aux humains au sens où ce sont des primates intelligents ayant développé une civilisation, biologiquement parlant les deux groupes n’appartiennent pas à la même espèce.

On peut aisément imaginer que l’auteur s’est amusé à créer un monde dans lequel, à différents endroits, différents primates ont connu une évolution similaire et ont donné les humains d’un côté, les Ibbéniens d’un autre, etc…

Peut-être y’a-t-il une autre explication, mais c’est crédible au moins du point de vue de la complexité du monde créé par GRRM ; dont la faune comprend, pour rappel, toutes sortes d’espèces inspirées de notre préhistoire, mammouths et autres « lézards qui marchent »…

Maintenant entrons dans le vif du sujet, et intéressons-nous aux EdlF.

2 – Nature des Enfants de la Forêt

Nous avons vu que, dans le monde d’ASOIAF, la question de la nature des espèces se pose en termes de biologie.

L’aspect extérieur des Ibbéniens n’était qu’un indice de leur vraie nature. La génétique en apporte la preuve définitive, et la reproduction est bien le critère déterminant.

Alors répétons l’exercice avec les EdlF. Mais cette fois il s’agit d’examiner en détail tout ce que nous savons d’eux.

Observons-les très attentivement, et surtout ne nous arrêtons pas aux apparences.

« Les EdlF sont petits comme des enfants. Ils sont beaux et sombres ; frêles, agiles, et gracieux. Ils pourraient vivre pendant des siècles.

Ils ont une peau couleur noisette, constellée comme celle d’un daim de taches plus claires. Leurs mains ont seulement trois doigts et un pouce, avec de longues griffes acérées en lieu d’ongles. Ils ont de grandes oreilles qui peuvent entendre des choses qu’aucun homme ne peut entendre. Ils ont de grands yeux dorés, aux pupilles fendues comme celles des chats, leur permettant de voir dans l’obscurité.

Très rarement, un des enfants naît avec des yeux vert mousse ou rouge sang, signe qu’il est vervoyant.

Ils passent pour avoir été les tous premiers habitants de Westeros avec les géants. On les rencontrait des Contrées de l’Éternel Hiver aux côtes de la Mer d’Été.

Ils menaient une vie fruste. Ils ne travaillaient pas le métal mais, avec grand art, l’obsidienne, pour en tirer outils et armes. Ils ne tissaient pas, mais assemblaient avec habileté des parures de feuilles et d’écorce. Ils avaient appris à tailler des arcs en bois de barral et à tresser des filets en herbe, et hommes et femmes s’en servaient pour chasser.

Ils résidaient dans les bois, les marais, tourbières et marigots, et même dans des cavernes et des collines creuses. On dit qu’ils édifiaient dans les arbres des abris de feuilles et d’osier.

Ils se nommaient eux-mêmes ceux qui chantent le chant de la terre, les géants les appelaient quant à eux le peuple écureuil.

Ils chantaient souvent, et leur chant et leur musique sont réputés pour avoir été aussi beaux qu’eux.

Les divinités qu’ils vénéraient étaient les innombrables dieux des rivières, des forêts et des pierres.

Ce furent les Enfants qui sculptèrent les visages sur les barrals.

Les enfants étaient menés par leurs sages, les vervoyants, dont les pouvoirs les rendaient capables de voir à travers les yeux des barrals sculptés, voir les événements à grande distance, communiquer à travers l’étendue d’un royaume, plonger dans le passé et voir loin dans le futur.

Les zomans parlaient aux bêtes, et pouvaient les contrôler en mêlant leurs esprits.

Les chasseurs parmi les Enfants se muèrent en guerrier quand les Premiers Hommes envahirent leur territoire. »

Rappelons que les EdlF étaient également présents en Essos, fait qui n’est pas surprenant car ce continent était jadis relié à Westeros.

« Le territoire d’Iféquevron est une immense bande du nord d’Essos, région densément boisée où vivait jadis un peuple de la forêt, menu et timide,que les Dothrakis surnommait ceux qui marchent dans les bois. On ignore si le peuple craintif des Iféquevrons fut exterminé, s’il s’enfonça au plus profond des bois, ou s’il s’en alla vers d’autres terres.

Corlys Velaryon visita la grande forêt et témoigna d’arbres sculptés, de grottes hantées et de lourds silences. Le petit peuple révérait une divinité sylvestre qui laissait des cadeaux de feuilles, pierres et eau durant la nuit.

Les Dothrakis évitaient ces forêts, certains disent que c’était par respect pour les marcheurs des bois disparus, d’autres par crainte de leurs pouvoirs. »

Notez l’expression lourds silences, qui renvoie à la musique et aux chants des EdlF. Une façon poétique de les identifier par leur absence.

En résumé, nous avons affaire à un peuple ancien et primitif, vivant en harmonie avec la nature. On se souvient des EdlF pour leur habileté, leur musique, leur artisanat, leurs pouvoirs…

Et leurs yeux si étranges.

La couleur et la taille des yeux sont particulièrement intéressantes, car elles sont très importantes d’une manière générale dans ASOIAF. Souvent, les membres d’une même famille ont des yeux semblables. Les yeux permettent parfois de percer à jour l’identité secrète d’un personnage. Ici ils nous intéresseront surtout en tant que trait génétique héréditaire.

La description des Enfants de la Forêt peut faire supposer qu’ils sont une espèce à part entière, mais il manque la donnée de la reproduction pour le confirmer ou l’infirmer.

Or si nous parvenions à démontrer que les EdlF et les humains peuvent engendrer une descendance viable et féconde, nous pourrions en conclure qu’à l’inverse du cas Ibbénien, ces deux groupes constituent une seule et même espèce.

Il n’y a pas de preuve formelle de ce fait, mais un faisceau d’indices laissant à penser que les humains et les EdlF peuvent effectivement avoir des enfants, et que ces derniers peuvent eux-mêmes engendrer une descendance. Chacun se forgera une intime conviction après examen des faits.

Ce faisceau d’indices est notamment constitué de groupes humains qui semblent partager avec les EdlF certaines caractéristiques bien particulières.

Suivons la piste des EdlF là où ils ont vécu, car ils ont laissé des traces.

Les peuples métissés

Note de terminologie : Par simplicité, nous nommerons métissage le mélange de deux populations, tant au niveau génétique que culturel.

Si, par le passé, des humains et des enfants de la Forêt ont eu des enfants, leurs descendants doivent posséder des traits génétiques héréditaires. Et c’est le cas !

Nous allons observer trois peuples, et voir qu’ils ont en commun avec les EdlF de nombreuses caractéristiques morphologiques, physiologiques, et culturelles.

Ces dernières ne sont pas une preuve en soi, mais elles sont intéressantes à noter car, ajoutées aux autres caractéristiques, elles deviennent un indice supplémentaire de mélanges de populations.

L’idée est que des populations humaines ont vécu au contact des EdlF, que des métissages ont eu lieu, et que ces peuples en sont les descendants.

Donnons d’abord un aperçu de ces trois peuples.

Les Paludiers

Commençons par le plus connu sans doute de ces trois peuples, dont font partie Meera et Jojen Reed.

« Les Paludiers sont un peuple isolé qui réside dans le Neck, région couverte de marais et tourbières, et infestée de sables mouvants, de lézards-lions, d’animaux venimeux et de plantes toxiques.

Ils vivent dans des huttes de chaume et de roseaux tressés, manient des filets et utilisent des flèches empoisonnées. Ce sont des chasseurs et guerrier talentueux. Malgré leur frêle constitution, ils ont démontré être un peuple notoirement difficile à conquérir. Les chroniques assurent que par le passé les paludiers vivaient dans l’intimité des Enfants de la Forêt.

Ils considéraient leurs rois comme les premiers parmi des égaux, on les disait souvent désignés par les anciens dieux – ce qui se manifestait par des yeux de couleur étrange (comme les yeux vert mousse étonnamment profonds de Jojen Reed), ou le don de parler aux animaux.

Certains prétendent que la petite taille des Paludiers résulte de la médiocrité de leur nourriture, d’autres affirment qu’elle provient de mariages avec les Enfants de la Forêt. »

La dernière phrase, bien que spéculative, est lourde de sens. Non seulement c’est une mention formelle dans le texte de possible métissage, mais elle met l’accent sur une considération d’ordre génétique : la transmission de caractères héréditaires ; et suggère même l’évolution d’un groupe humain du fait de cette transmission.

Les Naathis

Continuons avec le peuple dont fait partie Missandei.

« En Mer d’Été s’étend l’île mystérieuse de Naath, appelée par les anciens Île des Papillons, dont le cœur est fait de collines et forêts.

Les indigènes ont le visage rond et plat, la peau mate et de grands yeux doux ambrés, souvent pailletés d’or. Ils sont aussi intelligents que doux, beaux à regarder, et prompts à apprendre l’obéissance.

On les appelle les Pacifiques, car ils ne se battent jamais, même pour défendre leur foyer et leur vie. Ils ne tuent pas, même les bêtes des champs et des bois ; ils mangent des fruits, pas de viande, et font de la musique, pas la guerre. Ils sont également connus pour leur bel artisanat, leurs soieries chatoyantes et leurs délicats vins épicés, qui s’exportent dans de nombreuses contrées. Le dieu de Naath est appelé le Maître de l’Harmonie.

Si la nature docile des Naathis semblait prédisposer leur île à la conquête, les étrangers n’y vivent pas longtemps. Aucun envahisseur n’a survécu, et, assurent les indigènes, aucun n’a résisté plus d’un an. Une humeur maligne flotte sur cette belle île, et ceux qui s’y attardent trop succombent vite. La maladie n’atteint apparemment pas les Naathis eux-mêmes. Certains la croient transmise par un papillon. »

Les Lengiis

La seconde partie de notre voyage s’achève dans une contrée encore plus exotique et mystérieuse.

« L’île luxuriante de Leng, dont l’histoire remonte très loin, est baignée par les eaux de la Mer de Jade.

On y trouve d’insolites ruines, au plus profond de la jungle, d’énormes édifices écroulés de longue date, envahis par la végétation… Mais sous terre, dit-on, un labyrinthe de tunnels sans fin mène à de vastes salles, et des marches taillées dans le sol descendent à des centaines de pieds.

Les Lengiis indigènes sont peut-être les plus grands de tous les hommes connus, beaucoup d’entre eux atteignant sept pieds de haut, certains huit. Minces, avec de longues jambes et une peau couleur de teck huilé, ils ont de grands yeux dorés et, dit-on, voient mieux et plus loin que les autres hommes, en particulier la nuit. Bien que de taille impressionnante, les femmes des Lengiis sont notoirement souples et d’une beauté sans pareil.

Longtemps Leng a été un endroit mystérieux, car les marins locaux quittaient peu ses côtes de vue, et les navigateurs qui repéraient l’île étaient froidement accueillis si ils y débarquaient. Les Lengiis n’avaient cure de dieux étrangers, de marchandises, de nourriture, de tenues ou de coutumes étrangères ; et n’autorisaient pas les étrangers à extraire leur or, abattre leurs arbres, cueillis leurs fruits ou pêcher dans leurs eaux. Ceux qui l’osèrent connurent une fin rapide et sanglante. Leng eut vite une réputation de repaire de démons et de sorciers, d’île interdite à éviter.

Les grands singes de l’île sont également célèbres : singes bossus tachetés réputés presque aussi intelligents que les hommes, et singes à capuchon grands comme des géants, si forts qu’ils arrachent bras et jambes d’un homme aussi aisément qu’un enfant ôte les ailes d’une mouche. »

Indices de métissages

Examinons en détail les caractéristiques de ces peuples constituant des indices de métissage entre humains et EdlF.

Milieu

Leur milieu (marais et tourbières, forêts et collines, jungle et grottes), typique du genre d’environnement que les EdlF affectionnent, indique que ceux-ci ont pu être présents sur ces territoires par le passé.

L’existence de grottes et de tunnels n’est pas mentionnée à propos de Naath et du Neck. En réalité, si il y en a sur Naath, nous n’avons aucun moyen de le savoir, étant donné qu’aucun étranger n’est resté sur l’île assez longtemps pour l’explorer en profondeur. Quant aux souterrains du Neck, ils sont très certainement inondés (voir l’histoire particulière de cette région).

Notons enfin que ces régions sont singulièrement isolées, une particularité essentielle du point de vue évolutif. En effet ces trois peuples ont pour point commun de vivre dans un milieu coupé de l’extérieur, pour plusieurs raisons :

– soit par sa géographie dans le cas des îles de Naath et Leng ;

– soit par l’hostilité de la nature ;

– soit par la nature farouche de ses habitants ;

– par sa mauvaise réputation, élément commun aux trois régions.

Ces lieux ont pu favoriser une certaine mixité entre populations humaines et EdlF présentes, ainsi qu’une évolution en vase clos.

Mode de vie

Nous n’allons pas nous appesantir sur le mode de vie, nous avons déjà précisé qu’il ne constitue pas une preuve formelle de métissage.

Notons simplement que les cultures de ces peuples très anciens indiquent qu’ils ont côtoyé les EdlF. Cohabitation sans doute pacifique, car ces trois peuples sont paisibles, n’ont jamais montré de velléités de conquêtes extérieures, et respectent la nature.

Pouvoirs

Nous savons que parmi les EdlF, certains individus appelés zomans ou vervoyants, possédaient des pouvoirs.

Les pouvoirs des EdlF sont mentionnés explicitement à propos des Paludiers.

Les Naathis, quant à eux, semblent avoir une relation profonde avec les papillons de leur île.

Physique

Bien sûr, ces peuples ont des caractères physiques qui leur sont propres. Les Lengiis sont grands mais ce n’est pas une preuve qu’ils n’ont pas côtoyé les EdlF. D’abord chaque milieu produit ses sous-espèces. De plus les ancêtres humains de ces trois peuples étaient sans doute différents les uns des autres : les caractères physiques de départ n’étant pas les mêmes, les métissages donneront des résultats différents.

Ce qu’ils ont en commun avec les EdlF nous intéresse, car on peut supposer qu’ils ont acquis ces caractères héréditaires par la reproduction avec les EdlF, et qu’ils se sont ensuite transmis de génération en génération.

De nombreux traits dans la morphologie des peuples métissés évoquent les EdlF. Les Lengiis possèdent même une condition physiologique propre aux EdlF, la vision nocturne. Autant d’indices.

Mais bien sûr, les yeux sont le meilleur indice de métissages entre populations humaines et EdlF.

Conclusion

« La prétendue merveille était un chat vulgaire, ni plus ni moins. Les autres s’attendaient tellement à quelque bête fabuleuse qu’ils s’y sont abusés. “De cette taille… !” s’ébahissaient-ils, bien que rien ne le différenciât du commun de ses congénères, hormis la graisse, car, nourri à la table de son maître, il paressait comme un pacha. “Et ces oreilles minuscules, c’est inouï !” Il les avait seulement perdues en combats de gouttière. Bref, le dernier des matous, mais comme le Grand Amiral disait elle, les autres n’y virent que du feu. »

AGOT – Arya IV

Les peuples métissés sont des humains ayant des EdlF parmi leurs ancêtres. On peut imaginer que des populations humaines sont arrivées sur des territoires occupés par les EdlF. Pour peu que ces humains aient été pacifiques et aient respecté la nature, ces deux groupes ont pu cohabiter. Avec le temps, des métissages ont eu lieu, et on en retrouve les traces dans les populations actuelles.

En conclusion, tous les indices sont réunis pour affirmer que des croisements ont eu lieu à relativement grande échelle, ce qui démontre que biologiquement les humains et les EdlF constituent en réalité une seule et même espèce.

Les EdlF ne sont pas des êtres surnaturels, contrairement à ce que l’auteur nous laisse croire. L’humain étant le sujet principal de GRRM, ce choix semble cohérent. Et il ne s’agit pas seulement d’un énième rebondissement sur l’identité secrète d’un personnage, car cela touche aux thèmes profonds du récit.

Mais avant de développer sur les intentions de l’auteur, il nous faut établir l’origine des Enfants de la Forêt. La troisième et dernière partie de notre périple nous fera donc remonter le temps.

Et nous verrons qu’à l’instar du gigantesque chat jaune à petites oreilles du Grand Amiral, les spécificités des EdlF ont une explication rationnelle.

Note de terminologie : Par souci de clarté nous continuerons de distinguer les termes humains et EdlF.

3 – Origine des Enfants de la Forêt

« Oh… bien des choses nous demeurent assurément incompréhensibles. Tandis que les années s’écoulent par centaines et par milliers, que voit l’homme de la vie ? Quelques étés, quelques hivers… Nous contemplons les montagnes et les qualifions d’éternelles, et elles le paraissent, en vérité… mais les montagnes, au cours des temps, s’élèvent et s’écroulent, les rivières abandonnent leur lit, les étoiles tombent du firmament, et la mer engloutit d’immenses cités. Il n’est jusqu’aux dieux qui ne meurent, à notre avis. Tout est sujet au changement. »

Mestre Luwin, ACOK – Bran IV

« Nul ne peut dire avec certitude quand le monde a commencé. Le monde a-t-il quarante mille ans, ou cinq cent mille – ou davantage ? À notre connaissance, cela n’est écrit dans aucun livre car, en ce premier âge du monde, l’Âge de l’Aube, les hommes n’étaient point lettrés.

Que sait-on de précis sur l’Âge de l’Aube ? Les terres de l’Est grouillaient de nombreux peuples variés. À Westeros n’en existaient que deux : les Enfants de la Forêt et les géants. »

Encyclopédie

Soyons précis : il est dit que les EdlF précédaient les humains à Westeros, pas sur Terre.

Il n’est dit ni où, ni quand, ni comment les humains sont apparus.

Il n’est dit ni où, ni quand, ni comment les EdlF sont apparus.

Il ne s’agit pas de jouer sur les mots. La question des origines est omniprésente dans ASOIAF.

Qui sont les (vrais) ancêtres des personnages ?

D’où viennent les dragons, les barrals, les Autres… ?

Que s’est-il passé à Lestival, à Durlieu, à Ashaï… ?

Quelle est la part de vérité contenue dans les mythes et légendes du passé ?

Au début de l’Âge de l’Aube, effectivement, les EdlF occupaient presque tout le monde connu. Et leur rencontre avec les humains a eu lieu dans un second temps.

Mais ce qui nous intéresse a lieu justement avant l’Âge de l’Aube.

Car l’Âge de l’Aube n’est pas le premier âge du monde. ASOIAF prend en compte le temps long et l’évolution, les EdlF doivent donc venir de quelque part.

Et il n’est pas impossible en soi que les humains et les EdlF appartiennent à a même espèce. Ce sont juste deux groupes extrêmement différents.

Il ne nous reste que la question suivante : quels événements ont pu conduire à cette situation, où deux groupes humains aussi différents physiquement se côtoient à la surface de la Terre ?

Nous pourrions émettre des hypothèses mais répondre de manière globale, cohérente et contextualisée nécessite un examen approfondi des EdlF.

Certains se sont peut-être demandé comment la présence des EdlF dans les îles de Naath et Leng était possible, étant donné qu’ils ne sont jamais présentés comme un peuple de navigateurs. Cette question semble moins importante, mais nous verrons qu’elle fait partie du problème.

Étude des Enfants de la Forêt :

Nous allons lister précisément ce qui les distingue des humains afin de tenter de comprendre leur histoire.

Pouvoirs

Sans discuter de la nature de la magie, observons que des humains ont les mêmes aptitudes que les EdlF, le meilleur exemple étant Bran Stark.

Alors soit la magie transcende les espèces, soit les pouvoirs sont propres à l’espèce humaine. La seconde hypothèse semble être la bonne, car il n’est pas fait mention d’Ibbéniens, de géants et autres primates évolués possédant des pouvoirs d’EdlF.

Quoi qu’il en soit, les pouvoirs ne peuvent nous aider à différencier les deux groupes qui nous intéressent.

Mode de vie

Le mode de vie des EdlF est très similaire à celui des peuples humains primitifs : chasse, pêche, guerre, musique, artisanat (confection d’outils, de vêtements et d’abris), religion animiste, conservation et transmission de la mémoire des ancêtres… L’image d’une tribu de chasseurs-cueilleurs classique.

À noter d’ailleurs qu’ils vivent en groupe, ce qui n’est pas le cas chez certains peuples non humains. C’est un détail mais c’est très cohérent d’un point de vue anthropologique.

En bref, leur mode de vie ne diffère pas de celui des humains : l’étude de leur comportement confirme ce que la génétique a prouvé.

Société

Une digression rapide, qui aura son importance plus tard, à propos des différences civilisationnelles entre EdlF et humains.

On en sait trop peu pour l’affirmer, mais on peut se demander si les pouvoirs des EdlF n’ont pas modifié en profondeur leur société. Notamment la possibilité de communiquer rapidement sur de grandes distances, ainsi qu’une parfaite mémoire du passé. Peut-être également que leurs pouvoir de mélanger les esprits a augmenté la part de l’empathie dans leur psychologie.

Nous ne trouvons aucune trace de guerre entre EdlF : ont-ils réussi à construire une société pacifiée ?

Les traces de la présence passée des EdlF sont les mêmes partout, c’est d’ailleurs grâce à cela que nous pouvons les identifier. Les EdlF semblent avoir une seule langue, une seule culture, ce qui suggère une société globalisée et unifiée.

Les EdlF modifient extrêmement peu leur environnement, préférant s’y adapter. Il semble qu’ils aient atteint un stade qui leur permette de vivre en harmonie avec la nature.

Biologie

Jusqu’ici nous avons observé des êtres pas si différents des humains : les EdlF ont simplement des caractères physiques très particuliers.

Rappelons les spécificités des EdlF : ils sont plus petits que les humains, ont une peau marron sombre tachetée de clair, de grands yeux aux pupilles fendues, quatre doigts dont un pouce, des griffes acérées, de grandes oreilles, une ouïe très développée, et ils voient dans l’obscurité.

Nous remarquons d’emblée que, contrairement aux humains, les EdlF ont conservé de longues griffes acérées malgré le fait qu’ils utilisent des outils et des armes, notamment des lames tranchantes. Du point de vue évolutif, cette observation doit nous interroger.

Les EdlF sont-ils simplement des humains ayant développé des griffes ainsi que d’autres caractères morphologiques et physiologiques particuliers ? Nous avons établi qu’il est possible que l’existence des humains précède celle des EdlF sur Terre. Nous ignorons lequel des deux est apparu en premier : peut-être que les EdlF sont les descendants d’un groupe d’humains, après tout.

Des humains qui auraient évolué à cause de champignons mutants venus de l’espace, par exemple. Ou pour s’adapter à un nouvel environnement.

Or nous constatons que c’est typiquement le genre de caractères qui peuvent résulter d’une évolution due au milieu. Laissons donc les champignons mutants de côté.

La peau des EdlF, comparée dans le texte à celle des daims, évoque leur vie sylvestre.

Leurs oreilles et surtout leurs yeux montrent une bonne adaptation à la vie nocturne, ou d’une manière générale à un environnement sombre.

Leur petite taille tend à montrer une adaptation à un milieu exigu.

Les pattes avant à 4 doigts griffus sont typiques de certains mammifères rongeurs et fouisseurs comme les écureuils (bien sûr), mais aussi les chiens de prairie et les marmottes. En réalité ces animaux ont bien 5 doigts, mais leurs pattes sont adaptées à l’usage qu’ils en font, et le pouce est atrophié, voire invisible. On peut imaginer qu’il en va de même pour les EdlF, qu’ils ont simplement un doigt largement atrophié, mais qu’à la différence des animaux ils ont gardé le pouce, dont ils se servent pour manipuler outils et armes.

Alors, à quel milieu précisément des humains auraient-ils dû s’adapter pour développer toutes ces caractéristiques physiques ?

Souterrains

Il est temps de parler du rapport des EdlF aux souterrains.En effet, rappelons que, de manière surprenante, ce peuple est connu pour apprécier deux types d’environnement très différents : les milieux boisés ou marécageux, et puis les grottes, collines creuses, et autres tunnels… ce qui est étonnant en soi. Les EdlF sont bien adaptés à la vie en forêt, qui semble être leur habitat naturel.

À quoi leur sert d’aller sous terre ?

Leur refuge

Les souterrains sont le refuge naturel des EdlF lorsqu’ils se sentent menacés. Nous en avons de nombreux exemples, comme dans les Terres de l’Orage pendant le conflit qui opposa Premiers Hommes et Andals.

Ce qui soulève la question de leur subsistance. Comment font-ils, une fois réfugié dans les tunnels ? Sortent-ils la nuit pour chasser ? Se nourrissent-ils de rats ? Sans rien affirmer, rappelons simplement que les Géants nommaient les EdlF le peuple qui fait des réserves pour l’hiver.

L’obsidienne 

Il semble que ce soit une roche volcanique, mais nous ne discuterons pas de la nature ou de l’origine de l’obsidienne. Précisons simplement que ce matériau a des propriétés magiques et qu’on le trouve à l’état brut, entre autres lieux, dans les tunnels immémoriaux qui forent la montagne de Peyredragon.

Pour les EdlF, l’obsidienne constitue la matière première de leur technologie primitive. Ils taillent cette pierre tranchante mais fragile afin d’obtenir des lames et des pointes de flèches.

À première vue, la connaissance de l’obsidienne n’est pas une spécificité des EdlF : les Valyriens l’utilisaient pour fabriquer des chandelles magiques permettant de voir et de communiquer sur de grandes distances. En revanche, elle n’est jamais mentionnée a propos des peuples métissés. Ils semble que, malgré les métissages, les EdlF n’aient pas souhaité partager ce savoir avec les humains qu’ils ont côtoyé. Nous n’affirmerons rien, mais nous pouvons soupçonner les EdlF de connaître les propriétés magiques de l’obsidienne, et de s’en servir pour des usages plus… secrets.

Un dernier détail à propos de l’obsidienne. L’Encyclopédie met l’emphase sur le grand art avec lequel les EdlF travaillent ce matériau, ce qui laisse entendre qu’ils en ont une parfaite maîtrise. Par ailleurs, ils n’ont pas inventé le tissage et continuent de se confectionner des vêtements à partir de matériaux bruts. Se pourrait-il que l’utilisation de l’obsidienne constitue pour eux un savoir plus ancien que ceux liés à la vie dans les bois ?

Quoi qu’il en soit, il semble qu’ils soient bien adaptés au monde souterrain (peut-être même mieux qu’à la forêt, où ils ont du développer un minimum de technologies nécessaires à leur survie), et qu’ils aient une parfaite connaissance des réseaux souterrains.

Ce qui pourrait expliquer leur présence dans les îles de Leng, Naath, et certainement d’autres (il y a des indices de leur présence sur Skagos, notamment).

Les souterrains pourraient bien être le milieu d’origine des EdlF.

Conclusion

Nous avons constaté que les EdlF, malgré des différences superficielles, sont extrêmement proches des humains, ce qui confirme la démonstration par la génétique.

Toutes nos observations nous amènent à poser la question : les EdlF sont-ils les descendants d’humains ayant été contraints de vivre sous la surface de la terre assez longtemps pour y évoluer, s’adaptant ainsi à ce milieu nouveau et extrême ?

Il s’agit maintenant de replacer cette hypothèses dans le contexte général d’ASOIAF.

Théorie

« Les Premier Hommes nous ont appelés enfants. Les géants nous ont nommés le peuple écureuil parce que nous étions vifs et menus et que nous aimions les arbres, mais nous ne sommes ni des écureuils ni des enfants. Avant que votre Vieille Langue ne soit parlée, nous avions chanté nos chants dix mille ans.»

Leaf / Feuille, ADWD – Bran II

« Des hommes ne devraient pas s’aventurer en un tel lieu… La rivière que vous entendez est rapide et noire, et coule de plus en plus bas vers une mer sans soleil. Et il existe des passages qui plongent plus bas encore, des puits sans fond et des fosses soudaines, des chemins oubliés qui conduisent au centre de la Terre. Même mon peuple ne les a pas tous explorés, et nous vivons ici depuis mille fois mille années, ainsi que les définissent les hommes. »

Leaf / Feuille, ADWD – Bran III

Qui sont les Edlf ? D’où viennent-ils ? Quand et comment sont-ils apparus ?

Voici ma théorie.

Bien avant la Longue Nuit, bien avant l’Âge de l’Aube, à une époque où les EdlF n’existaient pas encore, les humains peuplaient déjà la Terre.

Tout commence lorsque survient un désastre. Un cataclysme. L’apocalypse. Ère glaciaire extrême, impact de comète, invasion de champignons mutants… Quelle que soit sa nature, c’est un bouleversement d’une telle ampleur qu’il va éradiquer l’espèce humaine de la surface de la planète pour une très, très longue période.

Ainsi débute l’Âge de la Nuit.

Des humains ont réussi à survivre et perpétuer l’espèce. ASOIAF raconte l’histoire de leurs très lointains descendants : le peuple des EdlF et les Premiers Hommes.

Les EdlF ont pour ancêtre des humains qui se sont terrés, loin, très loin sous la surface de la Terre. Ces humains ont survécu malgré tout. Avec le temps, ils ont évolué physiquement pour s’adapter à la vie souterraine. Et d’une manière ou d’une autre, certain d’entre eux ont acquis des pouvoirs. Mais leur nature profonde demeure inchangée : ils sont toujours humains. Ce nouveau peuple prend le nom de « ceux qui chantent le chant de la terre ».

Quant aux ancêtres des Premiers Hommes, eux ont pu survivre à l’abri, sans avoir à s’adapter à un nouvel environnement. Dans un bunker, une arche, ou une base lunaire… Un lieu qui doit ressembler à Winterfell ou aux Eyrié. Une forteresse inexpugnable, coupée du monde.

Le temps passe. Des siècles et des millénaires, possiblement davantage. Jusqu’à ce qu’enfin la surface de la Terre redevienne habitable.

Alors les EdlF, partout où ça leur est possible, sortent des souterrains et s’adaptent peu à peu à la vie en forêt.

C’est le premier jour de l’Âge de l’Aube.

Les humains, à leur tour, ressortent de leur abri et commencent à repeupler toute la Terre. Un peu partout, ils seront confrontés aux EdlF.

Bien plus tard auront lieu la Longue Nuit et tous les événements relatés dans ASOIAF.

L’apocalypse, des humains mutants… Oh, je sais ce que vous pensez.

Voilà exactement le genre d’histoire que GRRM aime raconter !

C’est le moment de rendre visite à un vieil ami.

4 – Dark, Dark were the tunnels

Note : Toutes les citations de cette partie sont extraites de la nouvelle en question.

« Si quelque chose a survécu, c’est sous terre. C’est là qu’il nous faut chercher. »

Dark, Dark were the tunnels est le titre d’une nouvelle écrite par GRRM en 1971, dans laquelle il met en scène Greel, un éclaireur en mission pour le Peuple.

C’est une créature de forme vaguement humaine, petite, d’à peine 1m20, aux grands yeux pâles. Armé de sa lance, il explore les tunnels étroits et obscurs sous la surface de la Terre, rêvant que les conteurs chantent ses exploits futurs. Greel a un frère mental, un grand rat aveugle qui l’accompagne depuis sa naissance, et qu’il peut contrôler pour entendre et sentir à travers lui.

Car oui, les membres du Peuple ont des pouvoirs. Ils peuvent mêler leurs esprits à ceux d’autre êtres vivants. Pourtant, malgré les apparences, ce sont bel et bien des humains.

En effet, très vite le lecteur comprend que plusieurs siècles auparavant, un événement cataclysmique a fait disparaître les humains de la surface de la Terre, et séparé les survivants en deux groupes.

Les premiers ont quitté la planète et assisté aux événements de loin, sans être affectés.

Les seconds ont dû s’enfoncer dans les profondeurs de la Terre, où ils sont retournés à un stade primitif et ont survécu dans des conditions extrêmes… Enfin, seuls les mieux adaptés ont survécu. Ainsi, lentement, l’espèce humaine a évolué physiquement, s’adaptant à ce nouveau milieu. Leur taille et leur corpulence ont diminué du fait de l’exiguïté des tunnels. Privés de lumière, leurs yeux se sont développé, et leur peau a pâli.

La nouvelle raconte l’histoire de la rencontre entre le Peuple et les premiers hommes à revenir sur Terre.

Sauront-ils voir au-delà des apparences et comprendre qu’ils ne sont pas si différents ?

Nouvelle de science-fiction ou roman médiéval-fantastique, si le cadre de l’histoire est différent, les grands thèmes développés par GRRM dans les deux récits sont sensiblement les mêmes.

En voici quelques exemples.

« Les tunnels. Le noir. Rien que le noir pendant des siècles. »

Que deviendrait l’humanité si elle était plongée dans les ténèbres ? Un thème qui évoque inévitablement la Longue Nuit, et qui visiblement fascine GRRM depuis longtemps.

Ici il donne une réponse ambiguë à cette question, en mettant en parallèle un retour à l’état primitif et une vraie évolution psychique de notre espèce. Pour les membres du Peuple, les humains normaux sont des êtres peu évolués, à l’esprit atrophié.

On retrouve cette même dynamique dans ASOIAF, les EdlF voyant les humains comme… des enfants !

« Tu ne comprends donc pas ? C’est ancien. C’est de l’histoire. Ce sont les vestiges d’une civilisation et d’une nation et d’une planète qui ont péri. »

L’apocalypse est à la fois le thème principal et l’enjeu de la nouvelle : les civilisations ont disparu, et l’espèce humaine est menacée d’extinction.

Le concept d’apocalypse, d’événement anéantissant une civilisation entière par son ampleur, est récurrent dans ASOIAF. On pense immédiatement au Fléau de Valyria, ainsi qu’à tous les lieux qui semblent porter les traces de cataclysmes passés, mais aussi à toutes ces ruines encore plus anciennes et mystérieuses, et qui semblent être les traces de civilisations disparues.

Le point central de l’histoire lui-même, la venue des Autres, inscrit dans le prologue du tout premier roman, pose immédiatement l’enjeu : c’est l’espèce humaine qui risque de disparaître.

En réalité, ce qui intéresse GRRM n’est pas tant l’apocalypse mais ce qu’il advient des survivants et de leur descendants, y compris plusieurs siècles ou milliers d’années après… voire plus.

« L’homme doit rencontrer l’homme. »

Le choc de deux mondes très différents, qui entrent en guerre malgré la menace plus grande qui pèse sur eux, et qui risquent de disparaître ensemble s’ils ne parviennent pas à s’allier… ça vous rappelle quelque chose ?

Qu’adviendrait-il si les humains d’aujourd’hui rencontraient leurs très lointains descendants ? Pourraient-ils se comprendre ? C’est la grande question que pose cette nouvelle, et c’est celle qui nous occupe ici, car GRRM la pose à nouveau dans ASOIAF, sans révéler cette fois l’origine du peuple mystérieux auquel les humains sont confrontés.

« Il se concentra sur l’odeur. C’était une odeur étrange, qui ne ressemblait à celle d’aucune créature connue. Et pourtant, d’une certaine façon, on aurait dit une odeur humaine. Non, impossible. »

En quelques pages, GRRM abordait déjà en 1971 de nombreux thèmes qui lui sont chers. Je ne vous en dévoile pas plus, mais cette nouvelle parle aussi de glace et de feu, de lumière et de ténèbres, de survie et de folie, de désir et de devoir, de fécondation et de mort, et enfin, bien sûr, de consanguinité.

« – C’est là en bas, dans ces tunnels, que nous trouverons les réponses que nous cherchons.

– C’est ta théorie, en tout cas. »

Tout ça pour vous dire qu’il n’est pas impossible que GRRM, fasciné par les mêmes thèmes depuis longtemps, reprenne certaines de ses anciennes histoires et les raconte à nouveau, mais sous une autre forme, dans un autre cadre, en retournant certains concepts, en jouant avec et en les complexifiant… 

Il a pu s’inspirer du Peuple de Greel pour créer les EdlF.

« Il arrivait à Vieille Nan de nous conter la même histoire que la fois d’avant, mais ça nous était éperdument égal, si l’histoire était bonne. Les vieilles histoires sont comme de vieux amis, se plaisait-elle à dire. Il faut leur rendre visite de temps à autre. »

ASOS – Bran II

Quelques courts extraits de Dark, Dark were the tunnels :

« Greel était un excellent liseur de pensées. Il connaissait la sensation vague et grossière des pensées animales, l’ombre écœurante de celles des choses rampantes. Et il connaissait la façon de penser des hommes. »

« Il ne se rend pas compte à quel point on construisait les villes en profondeur avant la guerre. Il y a des kilomètres de tunnels sous nos pieds, une multitude de niveaux superposés. S’il y a des survivants, c’est là qu’on les trouvera. »

« Greel réfléchit. Presque une odeur humaine. Et des mots. Se pouvait-il que les créatures de feu fussent des hommes ? Ce seraient alors des hommes bien étranges, bien différents des Hommes. Mais les conteurs, dans leurs histoires, parlaient d’hommes des temps anciens, qui avaient des formes et des pouvoirs étranges. Serait-il par hasard tombé sur des hommes tels que ceux-là ? Ici, dans les Anciens Tunnels où d’après des légendes, les Anciens avaient créé les Hommes ? Y avait-il la moindre chance que leurs descendants y demeurent encore ? »

« Le Peuple résistait. Les mêleurs de pensées pouvaient sentir les choses rampantes, on les tuait à coup de lances et les grands rats chasseurs les mettaient en pièces. Mais toujours elles se réfugiaient au plus profond dans la terre même. Et puis, il y avait beaucoup de choses rampantes, et bien peu d’hommes du Peuple. »

« Greel observait à travers lui : avec les oreilles et le nez du rat, il observait.

Le feu parlait. »

« C’étaient des hommes. Des hommes comme les Anciens. Ils aideraient le Peuple contre les choses rampantes. Ce serait l’aube d’un nouvel âge. »

Conclusion

« L’enfant sourit. « Les hommes, ce sont eux les enfants. » »

ADWD – Bran II

Ce qui définit vraiment les EdlF, c’est bien leur humanité. Leurs sourires. Leur tristesse…

Ils sont humains. Leur apparence n’est qu’une conséquence de leur histoire.

En quoi ce rebondissement sert-il le récit ? Certes, il s’agit de jouer avec nos attentes pour nous surprendre. L’auteur a tout fait pour que, découvrant les EdlF, le lecteur se représente immédiatement des êtres surnaturels, des créatures telles que des elfes ou des lutins des bois, ou bien des esprits de la nature. Mais dire que GRRM s’amuse avec les codes du genre est devenu une banalité.

Si l’auteur a préféré imaginer une autre Humanité, c’est pour mettre la nôtre en perspective.

Pour les protagonistes, les EdlF font partie d’un monde disparu. Pourtant, de notre point de vue de lecteurs, ils pourraient être nos descendants. Les enfants de nos enfants.

C’est là le tour de force de GRRM : nous présenter, au travers d’êtres du passé, un futur pour l’Humanité.

De fait, le thème du récit n’est pas une simple allégorie de l’opposition entre l’homme et la nature, ce grand classique de la littérature fantastique auquel tout le monde s’attend.

Le réel enjeu de la rencontre entre les EdlF et les Premiers Hommes, c’est l’Humanité en conflit avec elle-même.

L’être humain, sous toutes ses formes et dans toute sa complexité, est vraiment au cœur d’ASOIAF.

Finalement, GRRM aurait pu révéler directement la nature et l’origine des EdlF, mais il se contente de nous donner les clefs pour les comprendre par nous-mêmes. Or tout est dans le choix d’en faire un secret et de ne pas le dévoiler au lecteur. Ainsi GRRM nous questionne sur notre capacité à reconnaître l’Humain en l’autre.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire ce texte !

Une toute dernière chose : contrairement aux humains, qui ont oublié d’où ils viennent, les EdlF connaissent le secret de leurs origines…

« Je suis juste un garçon qui rêve. Les vervoyants étaient bien davantage. Ils étaient également zomans, et les plus grands d’entre eux savaient endosser la peau de n’importe quelle bête qui vole, qui nage ou qui marche à quatre pattes, et ils savaient encore emprunter les yeux des arbres-cœurs pour voir la vérité qui repose sous le monde. »
ASOS – Bran I

FIN

Extraits choisis

« Il s’attarde. Pour nous, pour vous, pour les royaumes des hommes. »

Feuille, ADWD – Bran III

« Ne crains jamais les ténèbres. Les arbres les plus solides s’enracinent dans les lieux obscurs de la terre. Les ténèbres seront ton manteau, ton bouclier, ton lait maternel. Les ténèbres te rendront fort. »

ADWD – Bran III

La survie dans les souterrains.

« Le boyau était étranglé et sinueux, et si bas qu’Hodor fut bientôt cassé en deux. Bran se tassa de son mieux, mais, en dépit de cela, le sommet de son crâne de tarda pas à racler et cogner le plafond. De la terre s’effritait à chaque contact et tombait dans ses yeux et ses cheveux et, une fois, il se cogna le front. »

ADWD – Bran II

« La façon dont se mouvaient les ombres donnait l’impression que les parois bougeaient aussi. Bran vit de grands serpents blancs entrer et sortir de terre autour de lui, et son cœur tambourina de peur. Il se demanda s’ils s’étaient aventurés dans un nid de serpents de lait ou de vers de tombe géants, mous, pâles et juteux. Les vers des tombes ont des dents. »

ADWD – Bran II

« Sous la colline, ils avaient encore de quoi manger. Là en bas poussaient cent variétés de champignons. Des poissons blancs aveugles nageaient dans les flots noirs de la rivière, mais une fois cuisinés, ils étaient aussi savoureux que ceux qui ont des yeux. Ils avaient du fromage et du lait, grâce aux chèvres qui partageaient les cavernes avec les chanteurs, et même de l’avoine, de l’orge et des fruits séchés, entreposés durant le long été. Et presque chaque jour ils mangeaient du ragoût au sang, épaissi d’orge, d’oignons et de morceaux de viande. Jojen jugeait qu’il devait s’agir de viande d’écureuil ; pour Meera, c’était du rat. Bran n’en avait cure. C’était de la viande et elle était bonne. La cuisson l’attendrissait. »

ADWD – Bran III

« La grande caverne qui débouchait sur le gouffre était noire comme la poix, noire comme du goudron, plus noire que des plumes de corneille. La lumière entrait en intruse, ni désirée ni bienvenue, et disparaissait vite ; feux de cuisine, chandelles et roseaux brûlaient un court laps de temps, puis expiraient de nouveau, leurs brèves existences parvenues à leur terme. »

ADWD – Bran III

La légende du peuple de Greel Gendel…

« Plus bas il descendit, plus bas toujours, et quand il essaya de rebrousser chemin, les passages qui lui semblaient familiers butaient dans la roche au lieu d’aboutir vers le ciel. Bientôt, ses torches manquèrent, une à une, et il finit par plus y avoir rien d’autre que les ténèbres. On ne revit jamais le peuple de Gendel mais, par les nuits calmes, tu peux entendre les enfants des enfants de leurs enfants sangloter dessous les collines, en quête toujours de la voie qui les ramènerait à la surface. Écoute un peu ? Tu les entends ? »

ASOS – Jon III

…associée aux Enfants de la Forêt.

« Quand il regarda dans cette direction, il vit des yeux. D’autres enfants, se dit-il, mais l’histoire de Gendel, que lui avait conté sa vieille nourrice, lui revint également à l’esprit. »

ADWD – Bran II

En surface, l’apocalypse par le feu. Les survivants fuient sous terre.

« Des milliers de petites gens fuyaient par les portes de la cité, portant leurs enfants et leurs biens sur leur dos, cherchant la sécurité à la campagne. D’autres creusaient des fosses et des tunnels sous leurs taudis, des trous sombres où ils espéraient se cacher pendant que la ville brûlait. »

The Princess and the Queen

« Mais déjà Arya détalait, suffoquant, toussant. Elle entendit une fois le choc de l’acier contre le bois, et une autre, une autre, puis un crrrac ! aussi formidable qu’un coup de tonnerre, et tout l’arrière du fourgon explosa dans une volée d’échardes.

Elle boula tête en avant dans le tunnel, dégringola de quelque cinq pieds de haut, se retrouva la bouche pleine de terre, mais peu lui importait, la terre avait même une merveilleuse saveur, une saveur d’humus et d’eau et de vers et de vie. Dans le boyau régnaient l’ombre et la fraîcheur. Alors que, là-haut dessus, tout n’était que sang, rugissement rouge, étouffement, fumée, hennissements d’agonie. Après avoir fait tourner sa ceinture pour qu’Aiguille ne pût la gêner, elle commença à ramper. Mais à peine avait-elle un peu progressé que vint l’assourdir quelque chose comme le hurlement d’un fauve monstrueux et que la talonna une nuée de fumée chaude et de poussière noire dont les ondes successives puaient l’enfer. Elle retint son souffle et, tout en baisant convulsivement la terre du tunnel, se mit à pleurer. Sur qui, elle n’eût su dire. »

ACOK – Arya IV

« De toutes parts neigeait la grisaille feutrée des cendres.

Par-delà prairies et champs se distinguaient, fièrement campés contre les tourbillons de la fournaise, les prodigieux amoncellements de pierres humaines. La bise brûlante lui soufflait des effluves de chair saignante et carbonisée si puissants que l’eau lui en vint aux babines.

Il huma les bouffées de fumée. Des hommes, beaucoup d’hommes, beaucoup de chevaux, et du feu, du feu, du feu.

Nulle odeur n’était plus dangereuse. Au travers des cendres et de la fumée qui l’obnubilaient lui apparut dans le ciel un gigantesque serpent ailé qui rugissait un torrent de flammes. Derrière les falaises édifiées de main d’homme, un brasier monstrueux dévorait les étoiles.

Toute la nuit crépita sa rage, jusqu’à ce que se produisît une espèce d’épouvantable grondement, suivi d’un vacarme qui ébranla jusqu’aux entrailles de la terre, déchaînant des abois déments, des hennissements de terreur. Des hurlements transpercèrent la nuit, des hurlements de meute humaine, tout un fatras d’appels féroces et de cris d’angoisse, de rires et de déchirements stridents.

Vint là-dessus le tirailler l’impérieuse attraction du lieu de ténèbres, séjour des murmures et des cécités humaines. Tels des doigts froids qui l’empoignaient. Une odeur de pierre aussi vibrante qu’un murmure et qui lui affolait le flair. Il résista de toutes ses forces. Il détestait ce genre de ténèbres. Il était un loup. Un chasseur, un coureur et un prédateur. Il appartenait, à l’instar de ses frères et sœurs, au profond des bois, ne connaissait de plus grand bonheur que de courir libre sous les astres du firmament. Il se dressa sur son séant, leva la tête et se mit à hurler. Je n’irai pas ! cria-t-il, je suis un loup, je n’irai pas ! Mais plus il s’arc-boutait, plus s’épaississaient néanmoins les ténèbres, plus les ténèbres l’investissaient, qui finirent si bien par lui siller les yeux, boucher les oreilles et sceller le nez qu’il se retrouva aussi incapable de rien voir que de rien entendre, rien sentir et dans l’impuissance de fuir, et que l’univers se faisait noirceur et silence et noirceur et glace et noirceur et mort et noirceur…

« Bran, murmurait une voix presque imperceptible, Bran, revenez, maintenant, Bran, Bran… »

Il ferma son troisième œil et ouvrit les deux autres, les deux d’autrefois, les deux aveugles. Dans le lieu de ténèbres, les hommes étaient tous aveugles. Mais quelqu’un le tenait. Des bras l’entouraient, il le sentait, comme il sentait la chaleur d’un corps pressé contre le sien. Et il entendait nettement Hodor chanter. »

ACOK – Bran VII


Pour aller plus loin :

Nous l’avons évoqué, les humains ont été confrontés aux EdlF partout où ceux-ci étaient présents. Et bien sûr, les métissages ne se limitent pas au Neck, à Naath et à Leng. En réalité c’est un phénomène global. En clair, de très nombreux humains ont des EdlF parmi leurs lointains ancêtres.

Ainsi on trouve des traces de ces métissages dans de nombreuses régions : presque partout à Westeros mais aussi à Braavos, par exemple.

Dans les mythes et légendes :

– Le Warg King (Roi Garou) était un humain allié aux EdlF. Les Stark auraient tué ses fils et gardé ses filles.

– Artys Arryn, le Chevalier Ailé, est un personnage de légende dont la femme, une EdlF, est morte en couches. Son histoire se mêle et se confond avec celle de Ser Artys Arryn, le Chevalier Ailé, fondateur de la maison Arryn et lointain ancêtre de Robert Arryn.

Chez des personnages secondaires :

– Jenny de Vieilles Pierres

– Dick Crabbe

– Elaena Targaryen

– Mya Stone

Chez des personnages plus importants :

– Tywin Lannister a des yeux pailletés d’or, comme les Naathis. Les Lannister auraient-il des EdlF parmi leurs ancêtres ? Il y a bien ces histoires sur Lann le Futé…

Mélissandre, sa beauté terrifiante, sa grâce, son corps svelte et fin, ses cheveux rouges, ses yeux rouges, sa voix mélodieuse, ses pouvoirs, sa longévité… Relire sa description et celle de Feuille peut s’avérer très intéressant.

Ce ne sont que quelques exemples, il y en a énormément d’autres !

A très bientôt !


Commentaire pertinent sur lagardedenuit.com :

Contrairement à d’autres, je ne trouve pas la conclusion particulièrement pertinente, non pas qu’elle soit fausse, mais elle est très banale et n’apporte pas d’éclairage particulier sur la saga : découvrir l’humanité dans les autres, ok, mais d’abord, je commencerais par élargir le point de vue un poil trop « humano-centré » à mon goût, et je préfère parler d’égale dignité de tous les êtres vivants.

Plan détaillé :

Préambule

Introduction

1- Le cas Ibbénien

Morphologie

Biologie

Conclusion : Ibbéniens ≠ humains

2- Nature des EdlF

Introduction

Description

EdlF

Ifequevron

Peuples métissés

Paludiers

Naathis

Lengiis

Indices de métissages

Milieu 

Culture 

Biologie

Conclusion : EdlF = humains

3- Origine des EdlF

Introduction

Étude des EdlF

Pouvoirs

Mode de vie

Société

Biologie

Souterrains

Refuge

Obsidienne

Conclusion

Théorie

4- Dark, dark were the tunnels

Résumé

Thèmes en commun avec ASOIAF

Ténèbres

Apocalypse

Rencontre

Autres

Conclusion : GRRM refait l’histoire

Extraits

Conclusion

Extraits

Pour aller plus loin

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